Retour sur la soirée du 22 juillet 2023

Le « bik-a-pawol » (sujet : l’utilisation du tambour dans le culte) ainsi que le culte « Bay lavwa Bondié bon » ont bien eu lieu.  Près de soixante personnes de la Grande-Terre comme de la Basse-Terre étaient présentes. Nous avons apprécié la présence de chacun et chacune. La causerie de la première partie de la soirée a permis d’entendre les encouragements des uns, les questionnements des autres, et même certaines frustrations. Mais nous étions d’accord sur un point : le Guadeloupéen a besoin de comprendre son identité multiple et les éléments culturels qui la composent, plus ou moins africains, plus ou moins européens, plus ou moins amérindiens, pour mieux célébrer avec ses propres cantiques et musique (et cela passe par le créole et le tambour !).

… lorsqu’un peuple développe ses propres cantiques avec les mots et la musique de sa culture, il est évident, à coup sûr, que le christianisme a vraiment pris racine.

Roberta King, Music in the life of the African Church, 2008, p. 74.

Quel culte ! Merci aux musiciens pour leur offrande musicale à notre Dieu (je parle des sections instrumentales au saxo, tambours, cha-cha, batterie, ti-bwa). Merci à Nadine d’avoir accepté de présider ce culte, avec sensibilité et passion. Nous avons chanté et dansé notre louange, nous avons écouté des expériences de foi de nos sœurs et frères. Nous avons été enseignés par la Parole de Dieu à plusieurs reprises et de manières diverses : lecture de texte bibliques, histoire de Joseph sous forme d’un conte traditionnel des Antilles. Nous n’oublierons par la voix tonitruante de Jacques : « Bay lavwa Bondié bon ! », ni la jeune voix de Magdala chantant : « Nou sé légliz a Jézikri ». Merci pour la chorégraphie du chant de Pascal Gibrien (Padoné yo).

Si vous n’étiez pas là, nous ne pourrons pas vous décrire le cocktail : un vrai régal de petites bouchées dans des petites calebasses, dans des coques de noix de coco mais aussi dans des petits bateaux en bambou. Du local ! Bravo au chef Johann Parfait.

Chers participants, vos commentaires sont les bienvenus.

Cet article a 6 commentaires

  1. Louisiane saint val

    Bravoooo!!!Je dirai merci Seigneur pour ce moment PRECiEUX…quel culte! un culte à notre ressemblance.. avec notre culture, nos chants. Merci à vous..Ruth ..Nadine, Magdala, Maryse ainsi que tous les autres … Bonne continuation pour les jeunes pour ces dégustations super bonnes ..J’ai passé un super moment… à renouveler

  2. Liliane Thilby

    Nous avons entendu des chants, des louanges, des lectures dans la langue qui parle à notre cœur. Le son du ka à fait vibrer les profondeurs de nos entrailles, merci Ruth pour cette prise de conscience merci pour ce réveil,,et longue vie à Loka.

  3. Louisiane saint val

    Waouh !Quel culte!!très apprécié… à notre ressemblance… notre culture… Je remercie le Seigneur pour ce moment très convivial avec des biens aimés louant évoquant le nom du seigneur avec le ka. la voix et tous les autres instruments. Merci à toi Ruth, Nadine, ma petite princesse Magdala Maryse Yeponde. Merci aux jeunes pour toutes ces dégustations délicieuses. Bonne continuation…gloire à notre DIEU !!!

  4. CEPHISE

    Merci au Seigneur de la vie pour sa bonté et sa fidélité !!
    « Lanmou à Bondyé sé pa zaboka »
    Merci beaucoup Ruth, tu nous a permis de vivre un culte avec tellement d’émotions, c’était beau!!
    Sans la participation de tout un chacun le culte n’aurait pas été aussi merveilleux.  » Nou sé coco à zyé à Bondyé  » Merci à tous.
    C’était un véritable honneur pour moi de présider ce moment. Mon cœur battait au rythme du ka et chanter avec ma langue maternelle c’est magnifique.
    Cette graine de passion que le Seigneur a mis dans ton cœur est devenue une belle plante grimpante qui a donné un fruit succulent LOKA.
    Ruth ou vini en Gwadloup san Naomi mè ou ké pâti avè on fanmi. Mèsi an pil.

  5. Copol

    Salut, bravo pour ce court moment de partage
    Je propose un prolongement du débat. Je reste très sensible à une évolution des mentalités, à une acceptation de notre culture dans nos cultes en commun et individuels.

    Notre de départ : le culte
    Il est tout à fait légitime d’intégrer le Ka et le Gwo-ka dans notre liturgie. Il est bon de se rappeler pour s’écarter de la dérobade : la légitimité ne se décrète pas, surtout dans notre pays Guadeloupe.

    D’emblée, je commence par la question : de quoi parle-t-on ?
    Dans notre histoire commune, le Ka été témoin de la : douleur, souffrance, résistance, liberté, d’exister; aujourd’hui, en Christ que cherchons nous en l’utilisant ?

    Je fais une nuance entre le ka et le Gwo-ka. Le gwo-ka est une combinaison d’éléments comportant une portée (culturelle, historique et même économique, spirituelle au sens large).

    La réflexion sur notre liturgie dans le but d’utiliser le gwo ka et le ka nous renvoie à la notion de changement.
    Le changement va se confronter à des processus selon lesquels nos églises issues de l’occupation culturelle (l’esclavage, les missionnaires) ont construit nos systèmes de représentations et de pratiques liturgiques. Cette construction est encore bien agissante et concerne certaines générations plus que d’autres.
    Personnellement, j’ai eu a enquêté sur l’utilisation du Ka dans le culte, à partir d’un échantillon de 150 pers, après 30 ans je constate encore la persistance des freins et des objections. Certes, il y a eu des améliorations, certaines communautés utilisent le Ka avec plus de liberté que d’autres.
    Après coup, je me suis demandé quelle sont les causes de ses améliorations ?
    Dans les années 80, nous avons constaté l’apparition des groupes artistiques (Nature, à Ste Rose, église des Abymes) ils procédaient par le chant, le théâtre souvent inspirés a minima par des groupuscules indépendantistes. Dans les églises, l’instrument était utilisé dans des manifestations mais pas pour le culte dominicale, en outre, il servait pour le boula et jamais pour makè.
    Politiquement, les années 80 (l’ARC, le GLA, plusieurs attentats à la bombe, l’affaire Georges Faisans au lycée de Bainbridge,….) font prendre conscience à tous que la ‘’Gwadloup an danjé….. fè nou sové péyi-la’’. Les chrétiens témoins de nombreuses injustices, surtout les jeunes restent sensibles à ces discours et donc il y a des remises en question de l’hymnologie des missionnaires et progressivement des espaces de réjouissances en particulier les mariages où il n’est plus de bon aloi de danser ‘’j’ai vu le loup le renard et la belette’’.
    En réalité l’instrument c’est imposé pas à pas sans fracas, cf silencieusement dans beaucoup de communautés qui étaient viscéralement hostiles.

    Mais ne pourrait-on dire que l’absence de pédagogie, d’accomgnement, de libération de la parole, pouvant être le terreau du DENI ? Et donc, des difficultés de se réconcilier avec sa culture s’amplifient.
    Du reste, dans certaines communautés l’instrument à plus clivé que de libérer, jeunes contre anciens, génération libérée contre génération septique et méprisée.

    A mon avis, le changement sera effectif, quand, en particulier les responsables des églises feront preuve de courage et de bravoure. Depuis toujours dans l’histoire de humanité, la musique a été instrumentalisé au profit du pouvoir, il est nécessaire que les responsables religieux se positionnent avec cohérence sur cette question.
    Egalement, il est souhaitable de s’inscrire dans une démarche éducative en refusant la culture de l’implicite à celle du Parletre ,……. le temps est venu de transformer les paroles en actions concrètes génératrices de retombées pour le culte.
    Il faut prendre en compte les mythes qui gravitent autour du Gwo-Ka, ils sont également une partie de Nous, sans pour autant d’accepter la prévalence des croyances (le fait d’utiliser un ka ne garantis pas une adoration plus efficiente).
    Oui le Ka, mais n’oublions pas que l’amour de l’église peut nous éviter être dans une démarche révolutionnaire et réactionnelle, le centre est le Christ et il est nécessaire d’utiliser de vils instruments sanctifiés pour le louer.

    2 Corinthiens 4 : 7
    Nous portons ce trésor dans des vases de terre (fragile), afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous.

    1. admin3719

      Merci pour ces remarques qui me poussent à croire qu’il reste beaucoup à faire. La question du tambour et du débat qui l’entoure confirment le mal-être du Guadeloupéen (et du chrétien évangélique plus spécifiquement) avec sa culture. Je crois que le changement (et non une révolution) ne peut avoir lieu que si la réflexion vient d’en-haut (pasteurs, anciens). Penser, visionner, un culte autrement en culture créole. Innover en demeurant orienté vers l’essentiel : l’édification de l’Église ; être témoins du Christ pour le salut de la Guadeloupe (sel de la terre et lumière des nations).

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